La grille contre les resquilleurs, une grille pour empêcher de passer, de franchir l’interdit, une mesure pour que la loi qui oblige à acheter un billet de métro soit appliquée.
Une grille qui incite à la violence : taper dessus ; crier à l’aide ; à New York où la photo a été prise ; tirer avec une arme à feu à travers la grille.
Je ne peux rejoindre sur la photo les deux personnes de dos qui s’en vont, la femme qui monte dans le métro, celle qui s’apprête à descendre l’escalier. Impossible.
La grille comporte une porte avec deux serrures, donc des clés, je ne sais pas forcer les serrures. Je suis coincé.
Mais de l’autre côté de la photo, dans mon dos ? Il y a certainement un couloir et un escalier qui m’ont amené à cette grille, qui me mèneront à l’air libre. Jacques le photographe qui a pris cette photo n’est pas un délinquant, il est arrivé ici par une voie autorisée, depuis la rue. Je peux donc retourner à l’air libre si je me retourne. Mais je ne peux pas voir ce qu’il y a hors du champ de la photo, elle est figée sur la grille. Si seulement il avait réalisé un panoramique à 360 degrés au lieu de cette photo au cadre ridiculement restreint, j’aurais la solution.
À moins que l’escalier n’ait jamais existé ou ait disparu, comme dans une nouvelle de Kafka.
Des policiers de la NYPD surgissent de je ne sais où, ils vont me plaquer contre la grille, me menotter, me frapper. Ma chance, je suis blanc. Mais, je n’ai pas d’issue. Ils vont m’emmener de force, m’enfermer dans une prison sur une île bordant Manhattan, je serai condamné à trois cent soixante années d’enfermement dans une cellule pour une série de crimes dont j’ignore la teneur. Peut-être même que je serai condamné à la peine de mort.
Ne pas céder à la panique.
Je tire sur la porte avec douceur, c’était la solution, avec douceur. La précédente personne, intentionnellement ou par distraction, ne l’avait pas refermée. Je franchis son seuil. Je la tire derrière moi, elle se ferme automatiquement. Je me précipite dans la rame dont les portes se ferment en bousculant la dame qui y montait, j’entends des coups de feu, le métro s’engage dans le tunnel. Je suis dans un film américain, leurs collègues vont me récupérer à la prochaine station. Je me précipite à l’extérieur de la rame, 42e rue, je cours dans le dédale de couloirs de cette station arachnéenne, je sors, taxi jaune, direction l’aéroport John F Kennedy, je suis assis dans l’avion. On annonce que le départ est retardé, j’entends des voix fortes et graves, des cliquetis, du bruit à l’avant.
Je me réveille en sueur de mon cauchemar.
J’apprends que Trump succède à Joe Biden, il a été élu 47e président des États-Unis.

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